Confinement

20 mars 2020

J’aimerai partager avec vous mon état d’esprit ce soir.

L’état d’urgence sanitaire et la restriction des déplacements est la meilleure mesure préventive à notre disposition. Nous avons pris des décisions difficiles relativement vite, et nous appliquons dès maintenant des mesures que d’autres pays, bien plus durement touchés, n’ont adopté qu’après avoir dépassé les milliers de cas. Cela est à mettre au crédit de notre gouvernement.

Nous n’avons pas les moyens sanitaires de gérer une crise sanitaire, mais nous avons, sans doute, les moyens sécuritaires de limiter une véritable crise sanitaire. C’est notre outil principal, et il faut en faire le meilleur usage. Le surinvestissement dans les moyens du Ministère de l’Intérieur et du Ministère de la Défense, comparativement aux secteurs sociaux, sont maintenant mis à l’épreuve, et l’outil sécuritaire a maintenant un défi à sa mesure.

Nous ne devons rien oublier des enjeux d’hier : l’Etat de droit, les inégalités sociales criantes, l’usage erratiques des ressources publiques, mais nous devons regarder en face les enjeux d’aujourd’hui : utiliser tous les moyens dont l’Etat dispose pour protéger sa population.

Notre Etat a davantage investit dans sa capacité à contrôler sa population, plutôt que la soigner et l’éduquer. Dans la crise actuelle, son principal outil est donc le contrôle. La connaissance scientifique de notre pays, de sa société et de son appareil économique est aujourd’hui un besoin critique pour nous organiser dans la crise. Or, nous avons davantage les outils de la sécurité que ceux de la santé ou de la protection sociale. Je suis pourtant convaincu que notre intelligence collective a les moyens de relever ce défi.

Notre défi, à nous citoyens, est d’appliquer scrupuleusement les conseils provenant de sources vérifiées de la santé publique nationale et internationale. Des questions immenses sont posées aux autorités sur les plus vulnérables d’entre nous. Le Maroc compte 8,4 millions de ménages, combien ne peuvent se permettre de se confiner ? Comment se nourriront-ils ? On attend de l’Etat que sa connaissance fine de la société, que son maillage du territoire et sa capacité d’organisation lui permette d’assurer cette fonction régalienne. Leur responsabilité est de protéger, notre responsabilité est de n’y mettre aucune entrave.

Nous en sommes évidemment capables.

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