USA 2024 : Soirée électorale

Texte écrit autour du 6 novembre 2024, avant l’élection de Trump.

En cette soirée électorale américaine, je voudrais partager l’un des plus beaux discours jamais prononcés par un président des Etats Unis.

« The dead remember our indifference. The dead remember our silence. (…)

Let’s speak the truth. The truth is: we acted too late.

Only when our own national security was threatened did we act.

We watched it on TV. We let it happen.

People were being slaughtered for over a year, and we issued economic sanctions and hid behind the rhetoric of diplomacy.

How dare we? The dead remembered. Real peace is not just the absence of conflict.

It’s the presence of justice. And tonight, I come to you with a pledge to change America’s policy.

Never again will I allow our political self-interest to deter us from doing what we know to be morally right.

Atrocity and terror are not political weapons. And to those who would use them: your day is over. We will never negotiate. We will no longer tolerate, and we will no longer be afraid.

It’s your turn to be afraid.”

Vous vous demandez sans doute de quel président il s’agit, et même si vous êtes incollables sur l’Histoire contemporaine, vous n’avez aucun souvenir de ces paroles ?

La raison pour cela est qu’il s’agissait de Harrison Ford, dans le film « Air Force One ».

Le président James Marshall, profondément ému par la visite d’un camp de réfugiés. Un film de « conscience-fiction » ?

Comme des millions de personnes sur cette terre, j’ai été un enfant regardait avec son papa, parfois jusqu’à tard le soir, un film de Hollywood où les Etats-Unis d’Amérique incarnait le bien.

Peu importe que ce soit contre des nazis, des russes ou un astéroïde, l’existence d’une idée commune de ce qu’était le bien me paraissait évidente. C’était même ce qui distinguait les gentils des méchants: les « gentils » se battaient pour préserver la vie, les méchants tuaient beaucoup. Les gentils était pour la liberté, les méchants généralement contre. Et toutes ces idées là, le bien, la liberté, la dignité humaine, étaient merveilleusement incarnées par Harrison Ford dans ce film, et par les Etats-Unis d’Amérique en général.

C’est pourquoi en cette soirée d’élections, je me suis souvenu de ce film qui a presque 30 ans, et que je regarde aujourd’hui avec des yeux d’enfant vieilli.

Il serait possible de dire que tout cela n’était que des rêves d’enfants. Que la possibilité d’un monde plus juste n’est rien d’autre qu’une lubie qui subsiste encore chez les enfants et ceux qui tardent à ne plus l’être.

Pourtant, une très large majorité des pays du monde condamne, par leur vote et leurs voix, les atrocités commises actuellement en Palestine et au Liban, que la plus haute juridiction internationale qualifie de génocide plausible.

Y compris parmi les pays qui soutiennent le « génocide plausible » par la diplomatie et par les armes, il y a des mouvements de protestation dans les rues et dans les universités. Au sein de leurs sociétés civiles, leurs artistes et leurs intellectuels dénoncent le massacre des innocents.

Je persiste, tête de bois, à croire en la possibilité d’une idée commune de justice. Elle existe car elle peut au moins être définie par le négative : ne pas massacrer, ne pas expulser des civils par centaines de milliers, ne pas détruire leurs maisons et les priver d’avenir. Ne pas se rendre complice de cela lorsqu’un conflit éclate. Positivement, cela signifie déployer tous les moyens pour mettre fin aux souffrances humaines. N’est ce pas les objectifs du multilatéralisme que nous retrouvons là ?

Le multilatéralisme n’a pas d’autres buts que de proposer des instruments aux souverainetés nationales pour régler les différents qui surgissent entre elles et en leur sein. Et ce système-là est entré dans une crise profonde, à tel point que mêmes les gens de bonnes volontés se demandent s’il est encore d’une quelconque utilité.

Certes mais voilà : il n’existe pas d’alternative.

Je regarde aussi le chemin parcouru par le monde et par l’Amérique, et je repense à cette phrase d’un philosophe déçu : « les rêves les plus longs à mourir sont ceux qui nous ont le plus longtemps fait vivre. »

Ce soir, on ne sait pas encore qui sera le prochain président des Etats-Unis, mais il semble que le monde découvrira bientôt si ce sera la suite de l’administration qui a laissé faire, et une autre qui fera sans doute pire.  

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